Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Deux graines et nous

12 novembre 2013

Elric et la purée de carottes

Vous avez eu cinq mois hier. C'est à la fois très court, et très long: il me semble que je suis sortie de la maternité il y a une éternité...

Je ne sais pas où en seront les recommandations de puériculture quand vous serez en âge de faire de nous des grand-parents. Vous êtes nés en plein milieu d'une période de virages à 180°. Par exemple, on nous disait il y a quelques années qu'il fallait coucher les enfants sur le ventre. Maintenant, on admet que cela est plus sécurisant sur le dos. Victor, durant ses deux premiers mois, s'est endormi souvent sur le ventre, à cause de ses coliques, car c'est une position qui le calmait bien. Il va sans dire que cela était sous surveillance, avec remise sur le dos dès endormissement.

Et puis ce sont les biberons qu'il fallait stériliser, et puis ce n'était plus la peine.J'avais quand même fait bouillir vos biberons pendant vingt minutes par précaution. Mais soyons honnêtes, à part faire virer de couleur le plastique, et déposer sur le biberon des amas de calcaire qu'il m'a fallu rincer... à l'eau du robinet, non stérile, cela n'a pas servi à grand chose... (je vous dresserai un de ces jours la lisste des choses improbables que vous avez portées à vos bouches...).

Enfin, c'est la diversification alimentaire, dès six mois, puis possible dès quatre mois...

Le pédiatre avait donc donné son feu vert pour que vous passiez aux légumes dès quatre mois et demi. Impatiente comme je suis, c'est à quatre mois et une semaine que vous avez expérimenté votre première purée de carottes, maison, faite avec amour par Maman.

On ne peut pas dire que manger proprement soit votre fort, n'est-ce pas Elric? ^_^

 

 

DSC_0165[1]
Publicité
Publicité
13 juillet 2013

Postface

Nous sommes maintenant en Juillet; J'ai plus d'un mois de retard, mais nos jumeaux nous prennent tout notre temps et avec mon travail, j'ai peu de possibilité de finir ce blog avec la qualité que je veux y mettre. Du coup, j'accumule le retard, là où je voulais donner ce blog à Chérie pour le 11 Juin. Tant pis, j'ai essayé de le finir au plus vite.
Elric et Victor vont bien, poussent bien, mangent comme quatre. Elric est un garçon calme, parfois craintif, presque fragile; Victor hurle fort et est plutôt massif, plus du genre à jouer qu'à paniquer. Je suis pris d'un fort sentiment d'ambivalence : Je souhaiterai les voirs déjà grands, tout en les gardant sous leur forme de petits humains innocents et à peine éveillés.

Aujourd'hui a été l'échographie de contrôle du cerveau de Victor. Même machine, hôpital différent, médecin différent. Le verdict tombe : Cerveau un peu asymétrique, mais sans incidences et pas de ventriculomégalie. Cela me permet de conclure pour de bon cette histoire.

Merci à tout ceux qui ont bien voulu me répondre pour " les citations de... ", qui ont eu la gentillesse de me donner de leur temps et de leurs traits d'esprits. Merci aussi à MarjOlivier, qui a eu la gentillesse de commenter quelques-unes de mes notes.

Merci à Chérie de m'avoir donné deux petits gars parfaits, même si ils ne font pas encore leurs nuits.

Merci à mes petits gars pour être là.

Pour terminer, j'aimerais donner le mot de la fin à deux non-mamans, mais néanmoins inestimables :

" Là où l'amour transcende la science 1 +1 = 4 ! Félicitations aux parents pour cette belle opération et bienvenue à vos deux petites merveilles.   "

Marion

 

" Il est possible que tout les faux pas conduisent à un bien inestimable " ( Citation de Goethe )

La grossesse c'est le pire faux pas qui soit, mais ça amène vraiment quelque chose de formidable après.

Elodie

 

 

12 juin 2013

Deux graines... et nous

Aujourd'hui, c'est le grand jour. C'est ce que je me suis dit toute la soirée, seul à la maison alors que Chérie est restée à la clinique de Midville. Demain, à partir d'un certain moment, je serai devenu père. Tout changera, et c'est ce que les années précédentes, et ces neufs derniers mois, ont vu construire pour en arriver là. Je crois que je ne réalise pas vraiment.

A midi, je saute dans le train qui m'emmène de Châteauvieux-sur-fleuve jusqu'à Midville; j'y suis accueilli, sans surprise aucune, par la grève des bus, et zéro taxis. Alors que l'heure tourne, j'essaie divers numéros de taxis, mais tous me refusent : ils sont débordés à cause de la grève des bus. C'est alors, lorsque je me préparait à rejoindre la clinique à pied et le GPS dans la main, qu'un taxi surgit pour déposer un passager. Le chauffeur acceptera de faire un écart et me pose à la clinique, vers 13h15.

Chérie est soulagée, car elle part pour la césarienne à 13h30, autant dire que je suis arrivé plutôt à temps; Si j'était venu à pied, je serai arrivé bien plus tard et j'aurai probablement trouvé une chambre vide. Déjà, les montants métalliques se redressent autour du lit de ma femme, et un aide-soignant fatigué mais professionnel conduit Chérie au bloc. Nous descendons deux étages, et nous patientons dans une espèce de sas glauque, une variante de parking à lit médical, aux murs peints d'une couleur beige fatigué. Chérie use de son charme pour négocier une faveur : Je l'accompagne dans la salle d'opération. A l'origine, c'était un "non" catégorique, mais... comme je l'ai expliqué dans une note précédente, quand on est futur papa on acquiert un immense capital sympathie. Le NON se retrouve transmuté en OUI. Je me retrouve donc à aller au bloc.

Pendant que Chérie est préparée, je me change en tenue opératoire vert pomme et bonnet bleu. Je sourit en pensant que costumé ainsi, je ressemble à mon paternel; et d'ailleurs, certains membres du personnel me confondent avec des collègues et me saluent. Je les détrompe gentiment.

Sans traîner, je me retrouve posé dans le bloc opératoire, à voir la préparation et la césarienne. On m'a réservé un tabouret, dans un coin; Des étudiants arrivent, me dévisagent et essayant de deviner qui se cache derrière le masque. Chérie est droguée, allongée, tout va très vite et les gestes sont précis. L'obstréticienne arrive, et fidèle à elle-même, me salue à peine.

Je me demande comment je vais réagir, mais étrangement, je me sens plutôt calme. Enfin, commence l'opération; on sent le ventre être ouvert à cause de l'odeur de chair grillée qui se met à flotter dans l'air. Les médecins opèrent en parlant peu. Je ne vois pas grand-chose, de là où je suis; cela me convient très bien.

Peu de temps après, j'entends un gargouillis guttural.
-" Ah, il en a un peu avalé. " constate l'obstréticienne d'une voix posée.

Puis un cri; le premier cri de mon premier p'tit gars. Le bébé qui s'appellera désormais Victor est extirpé, frippé et violet; brandi au-dessus des têtes. Chérie est dans les vapes, mais le voit quand même quand on le lui présente et esquisse un sourire ravi. Puis on me fait signe de les suivre dehors. Je les accompagne, et pendant que Victor est nettoyé, Elric arrive, tout aussi violet et gluant. Nous sommes dans la salle de post-opération, hyper chauffée afin que les bébés ne prennent pas froid; On me donne Elric, qui ouvre déjà un oeil et me regarde, innocent, se demandant sûrement pourquoi il n'est plus dans l'endroit chaud et serré. Je suis la première chose que cet enfant a vu, et dans ma tête, loin, là où se trouve Inconscient, quelque chose change. C'est mon enfant. Je le protégerai. Gare à celui qui ose vouloir lui faire du mal !

Les deux nouveaux-nés, encore sous le choc, sont nettoyés et placés dans une couveuse. Les sage-femmes les emmènent dans la nurserie, et je les suis docilement. Elles pèsent les petits gars, puis nous installent tout les trois dans un grand fauteuil, et s'éclipsent. Je reste là un bon moment avec mes deux rejetons, à les regarder, sans bouger. Je respire à peine; J'ai, dans les bras, deux petits êtres qui se rassurent en étant au chaud l'un contre l'autre.
Je les regarde et je deviens père.

Pendant ce temps, Chérie est recousue et ramenée dans la chambre. Elle est cuite, mais ravie, et nous voir arriver fait que son visage s'illumine. Les infirmières posent les jumeaux contre ma douce et nous laissent sans faire de bruit. Nous passons enfin un moment avec nos rejetons, seuls et tous ensemble. Nous sommes une famille, et pour quelques minutes, nous oublions le temps.

Mais rien n'est fini, loin de là. Première salve de visites, première couches à changer, première visite chez le pédiatre qui ne remarque rien d'anormal. Nous revenons dans la chambre, moi poussant le berceau en plexigas contenant les petits bonhommes.

Puis la nuit commence, rythmée par les périodes de sommeil et de hurlements. Chérie et moi dormons comme l'on peut, la cadence imposée est rude, surtout pour deux adultes déjà très fatigués. On découvre qu'ils savent téter naturellement. Nous découvrons aussi que l'un fait pleurer l'autre et vice-versa. Difficile de les calmer dans ce genre de condition... Pour l'allaitement, au menu du soir c'est tétées de seins et compléments à la seringue. Ils ne sont pas vraiment jumeaux : Le grand Victor ne mange pas beaucoup, mais Elric descend ferme.Victor a trop chaud, Elric trop froid. Quand à nous, nous gardons un oeil ouvert alors que l'autre est fermé. La nuit est très dure à passer avec très peu de sommeil.

Au matin, je suis une épave, tant physiquement qu'émotionnellement. Rien que le fait de poser mes yeux sur mes fils me donne envie de pleurer. J'imagine que Chérie doit être dans un état encore plus lamentable. Mais, hélas, dès 6 heures du matin, les salves de visites médicales recommençent, me privant de repos pour de bon. Je pars assister au nettoyage des jumeaux à onze heures. Sous les gestes aguerris des sages-femmes, les enfants se débattent, mais elles ont trop l'habitude pour se laisser émouvoir. Ils crient, ils pleurent, puis s'arrêtent sec. Impressionnant.

L'après-midi sera bien plus calme, les deux nouveaux-nés sont repus et dorment côte-à-côte dans le berceau en plastique transparent. Ils dorment profondément, et nous avons enfin une minute à nous. Chérie et moi nous nous dévisageons; dans le regard de l'autre, nous découvrons nos visages de jeunes parents.

A la fin de l'après-midi, on vient encore nous chercher, cette fois pour une échographie des jumeaux. Elric d'abord, dont l'examen ne révèlera rien d'anormal. Puis Victor, que j'emmène à son tour en bas, à l'étage des machines. Le médecin qui pratique l'échographie marmonne un moment - qui me paraît très long - puis livre son verdict : En fait, le cerveau du bébé est légèrement asymétrique, et l'un des ventricules comporte une légère dilatation; c'est ce qui créait tout ces échographies différentes. Mais il n'a pas de ventriculomégalie et surtout, me dit le médecin, il aura une croissance tout à fait normale ! C'est tout ce que je voulais entendre.

Fou de joie et immensément soulagé, je remonte dire ça à Chérie. Mais, hélas, toute la fatigue, l'angoisse et le stress que je maintenait sous clef a été libéré par le verdict du médecin. Et lorsque je rentre dans la chambre, ce n'est pas un visage heureux que je présente à Chérie, mais des torrents de larmes. Voyant son air consterné, j'arrive néanmoins à articuler quelques mots pour la rassurer, et je pars terminer de pleurer dans la salle de bains, pour que mes enfants ne me voient pas ainsi.

La journée s'achève. C'est leur première journée passée ici; les bébés sont nés, ils vont bien et trouvent leur marques. La nuit sera probablement aussi rude que la première, mais nous survivrons. Et, si tout se passe bien, nous devrions sortir de la clinique dans quelques jours, et rentrer enfin chez nous.

Un peu plus loin dans cette clinique, la fameuse salle d'attente où nous avons été tant de fois est toujours là. Cette salle recevra de nouvelles personnes, et probablement plein de femmes au ventre qui s'arrondit. L'obstréticienne mettra de nouveaux hommes dans son dos lors des examens. De nouvelles graines d'humains sont échographiées, et elles arriveront prochainement, avec chacune leur histoire propre. Les mêmes aventures se répètent, si identiques mais différentes à la fois. A chacun la sienne.

La nôtre ne fait que commencer.

Full pic

* * *

10 juin 2013

Clinique & grève de l'enfer

C'est enfin le jour du départ. On se prépare pour aller à la clinique, mais les sacs sont faits depuis un long moment et nous n'avons pas grand-chose à faire pour être fin prêts. Je prends une dernière photo de ma douce avec son ventre énorme, pour compléter la série de clichés que j'ai pu réaliser d'elle tout au long de sa grossesse, et nous quittons la maison. La porte se referme sous le regard réprobateur de notre chat, qui se doute à juste titre qu'il ne nous verra pas vraiment durant les prochains jours.

T'inquiètes, Chat-chiant, quand nous reviendrons tu ne sauras plus où donner du museau.

Arrivés à la clinique, dans l'aile consacrée aux hospitalisations, Chérie se pose dans la chambre 353 et prends ses quartiers. La "petite chambre étroite" est en réalité bien spacieuse et pourrait accueillir trois lits sans trop de gêne. Nous n'avons pas du vue sur grand-chose, mais qu'importe tant qu'il y a u peu d'éther à regarder... J'envoie une photo de la plaque de la chambre à ma famille, avec la mention " ça a commencé ", et le téléphone se met bientôt à recevoir des SMS de leur part. Nul besoin de les lire, j'en devine déjà la teneur. En ce qui me concerne, il n'y a guère plus de choses à faire. Chérie est installée dans sa chambre, allongée sur le lit une sucette à la pastèque dans la bouche. Ses bagages sont rangés. Elle n'a plus qu'à se laisser être prise en charge par le personnel médical. La césarienne étant pour demain, je décide de rentrer à la maison.

Il faut savoir une chose, c'est que Châteauvieux-sur-fleuve n'est pas la ville la plus déservie par la SNCF. Bien au contraire. Il y a peu d'opportunités de pouvoir s'y rendre par les rails, surtout en soirée, aussi il ne faut pas se louper dans le choix de son train. De plus, une lourde soirée de travail m'attend - je me dois de rentrer pour finir tout ça. Par chance, d'après le site internet de la compagnie de transport de Midville, un bus passe au pied de la clinique dans quelques minutes, et me posera à temps à la gare. Je prends donc congé d'une Chérie plutôt tranquille, et je descend me poser sur le banc de l'arrêt de bus.

A ce stade, le lecteur averti se doute bien que cela ne se passera pas comme prévu. Et il aurait O combien raison.

Le bus n'est jamais venu. J'ai attendu, attendu, et rien; Aucun bus, d'aucune ligne, dans aucun des deux sens de circulation. Une rapide recherche sur mon téléphone m'apprendra qu'en fait, tout Midville est frappé par une grève monstreuse, et les bus sont devenus des choses rares dans la ville. Il n'y a pas un bus, le soleil frappe fort, et il est maintenant trop tard pour avoir mon dernier train. Disons-le sans détour : Je suis coincé à soixante kilomètres de mon domicile, et je dois rentrer chez nous pour finir des documents à rendre pour avant-hier. C'est ce qui s'appelle être coincé dans une grève d'enfer.

Je commence donc par pester un bon coup, cela ne fait pas avancer le shmilblick d'un iota, mais cela a le mérite de soulager. Je cherche ensuite des alternatives, mais je n'en trouve qu'une seule : Reprendre la voiture pour rentrer à la maison. Cela pourrait sembler banal, mais il y a un hic : Je n'ai pas encore le permis, et étant en conduite supervisée, je ne peux conduire que si Chérie est à côté de moi dans le véhicule. Prendre la voiture reviendrai donc à non seulement conduire seul pour la première fois, mais en plus conduire sans permis. Je pourrais le faire. Mais je ne peux le faire. Dilemme.

Ce que j'ai donc décidé, je le passerais sous silence. Ce que je peux dire, néanmoins, c'est qu'une fois arrivé, je me suis empressé d'appeler Chérie pour la rassurer. Et moi de lui promettre que le véhicule restera bien sagement à Châteauvieux-sur-fleuve, désormais.

-" C'est bien ", me dit-elle " mais comment va-t-on ramener les enfants, alors ? "

Oups.

9 juin 2013

Baptême d'entraînement et réflexions sucrées.

Je ne suis pas catholique. Je suis même agnostique : je remet en cause l'existence de Dieu, quelle qu'elle soit. Après tout, c'est un peu normal venant d'un geek à ascendant nerd troisième décan, nous cherchons toujours à analyser et comprendre. Chérie, elle, est catholique; Elevée ainsi et respectueuse de cette religion. Soit. Généralement, les deux mondes ne se frottent guère... excepté sur le point du baptême.

En tant que futur papa, je sais donc que la future maman a tout planifié et que nos petits gars seront baptisés, auront droit au passage à l'église, le coup de l'eau et du prêtre qui dit des mots, tout ça. Soit, je peux le comprendre, voire même jouer le jeu. Je pense que nos deux graines s'en fichent comme de leur première bulle de salive, mais Chérie y tient, ils auront donc droit au baptême.

Là où je rigole beaucoup moins, c'est lorsque l'on m'invite à une autre cérémonie, pour un petit gars qui n'est pas le mien. Je regarde Chérie d'un air las, comptant dans ma tête tout ce que j'ai à faire question boulot; l'image d'une montagne de papier à traiter, et Inconscient ricanant tout au sommet, se forme assez vite dans ma caboche. Mais rien à faire : Je serai présent, cravate au cou, pieds et poings liés, à ce baptême. " C'est pour te sociabiliser ", annonce Chérie d'un ton décidé.

Néanmoins, je vis dans ce baptême comme une sorte de répétition générale avant celui de mes propres jumeaux. C'était une opportunité pour apprendre ce qui m'attendait, ce qui attendait mes enfants; je me suis donc tû et j'ai regardé attentivement. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y avait de quoi voir.

Déjà, je découvris le "multi-baptême". Ce n'était pas un enfant, mais plusieurs et de familles différentes, que l'on célébrait ce matin. Une vraie ligne de gamins, tous tirés à quatre épingles, qui attendaient assis dans le choeur de l'église que l'on veuille bien s'adresser à eux. Les représentants des familles se succédaient au pupitre pour déclamer quelques pensées profondes, le tout dans l'indifférence affichée de ceux qui n'étaient pas des proches ou des concernés. Le prêtre, quand à lui, mâchait ses mots et l'on ne comprenait pas un mot sur deux. Du coup, personne ne suivait et les gens ont commencé à parler entre eux, ajoutant au soliloque marmonné des brouhahas de plus en plus forts. Plus surprenant encore, ceux qui se permettaient de parler avec un mépris affiché pour le prêtre n'étaient pas des enfants, mais des personnes âgées.

Moi qui imaginait ce moment comme intime et sacré, je me retrouvais face à une sorte de pièce de théâtre d'un goût douteux.

Au final, tout le monde a été rappelé à l'ordre lorsque le prêtre se mit à débiter une liste incroyablement longue de prénoms, sans raison apparente. Tous, nous nous demandâmes quelle mouche avait bien pu le piquer. Est-ce qu'il avait abusé du vin cérémonial ? Avait-il craqué nerveusement devant une telle audience ? Il a fallu que Chérie me décrypte la situation et m'explique qu'il s'agissait en fait des prénoms de tout les parrains des enfants présents. Bon sang, quelle mascarade, j'en avait de la peine pour cette vénérable église, dont les vieilles pierres avaient dû vivre de meilleurs moments.

La torture sociale continua durant tout l'après-midi, puisque la cérémonie était suivie d'un repas chez les grand-parents du baptisé. Nous avons bénéficié d'un certain capital de sympathie; il faut dire que Chérie, avec son ventre énorme, passait difficilement inaperçue. Je l'ai laissée exceller à son art de la petite conversation pour regarder les autres jeunes pères autour de moi. C'est la bouche pleine de gâteau de baptême ( du sucre entouré de sucre, saupoudré de sucre et entouré de sucre, rien que de le regarder donne le diabète ) que je me suis mis à réfléchir à la question que je me posais précédemment, sur la sympathie automatique accordée aux jeunes papas. En regardant tout ces jeunes pères, je finis par comprendre : Vu comme cela semble demandeur et difficile d'élever un enfant, vu comme cela semble être un vrai parcours du combattant, une épreuve à traverser... les hommes se reconnaissent entre pères survivants, et ont pour les autres respect et compréhension. En fait, cette sympathie que l'on me témoigne depuis quelques temps, il s'agissait simplement de... camaraderie.

Sergent chef Terrence, du régiment FuturPapa, êtes-vous prêt ? Attention... prêt... pouponnez !

Publicité
Publicité
7 juin 2013

La dernière semaine de ma première vie

Je m'assis devant la gare SNCF, sur le banc en bois à côté du monument aux morts, et me mis à réfléchir. J'aurai dû partir. Le moi d'il y a un an serait parti. Sauf que le moi de maintenant n'est pas parti, et plus étonnant encore, a fait annuler ses billets. Mais que m'arrive-t-il ? Simple: je suis en train de découvrir ce que peut impliquer, en terme de responsabilité, que d'avoir des enfants.

J'était invité à un mariage, prévu de longue date, de la petite soeur de l'un de mes meilleurs amis. Il y a un an, la question ne se poserait pas et j'aurais sauté dans un train, un avion ou une trottinette pour aller à ce mariage, ne serait-ce que pour le plaisir du voyage. Etre assis près d'une vitre ou d'un hublot, et voir le monde changer sous ses yeux, c'est un privilège à mes yeux.

Mais Chérie a un ventre énorme, que l'on dirait prêt à se rompre à tout instant. La césarienne est pour dans quelques jours. Elle est inquiète; elle craint qu'il lui arrive quelque chose en mon absence, et que je rate quelque chose d'unique. Donc, je reste. Il ne se passera sûrement rien, mais il vaut mieux être sûr qu'être désolé. Et ainsi finit la dernière semaine de ma première vie.

Devant la gare, je regarde un peu les gens sortir du hall sombre; Toutes ces vies avec leurs valises et leurs machins à roulettes, ces sacs à dos et ces sacs à main. Ils me rappellent que l'on choisi la direction que l'on prend dans notre vie, tout comme eux marchent d'un pas décidé dans une direction qui a du sens à leurs yeux.

Il y a eu le temps où j'était un « fier étalon noir courant dans la vaste plaine » ( aussi appelé : Célibataire endurci occupant son temps libre comme il le pouvait ), et j'y ai appris à faire les tâches ménagères comme les tâches extraordinaires. Il y a eu le temps des vagues de bébés chez des amis plus en avance que moi, et j'y ai gagné des bases sur comment élever les rejetons, à quoi m'attendre. Il y a eu le temps de ma vie à Côteville, qui m'a permis de me stabiliser et de me construire sur de nouvelles bases. Il y a eu le temps de la rencontre avec Chérie, où j'ai découvert la follette qui allait partager ma vie, et ce que cela allait changer. Il y a eu le temps de nos ballades, où nous pouvions prendre la voiture pour visiter un patelin perdu dans les hauteurs montagnardes, sur un coup de tête. Il y a eu le temps où nous avons tout changé autour de nous, où nous avons même changé d'emploi et où j'ai commencé à créer ma société.

Il y a eu tout ces temps, qui n'en ont formé qu'un seul, et qui m'ont, pas à pas, construit, appris ce qu'il fallait et amené à ce jour, où refuser un voyage de plaisir en solo, c'est refuser de ne vivre que pour moi; c'est aller plus loin que de vivre pour Chérie et moi-même, c'est accepter de vivre avec deux enfants à qui il faudra tout apprendre et transmettre.

Commencer à vivre pour deux enfants, c'est commencer la première partie de ma seconde vie, c'est se trouver heureux d'avoir suffisament engrangé pour pouvoir, maintenant, donner. 

Je me relève du banc, tourne le dos à la gare et retourne vers la maison. Je souris.
Le coeur léger, engageons-nous sur ce nouveau chemin...

5 juin 2013

Une odeur de sainteté

Je suis un asocial. Vous pensez que je plaisante ? Pas du tout. Je suis le genre de personne un peu trop consciente du temps qui passe, du peu de temps qu'elle a à passer sur cette planète, et qui ne veut donc pas le gâcher à blablater des futilités pendant des heures. Je parle donc peu, et à peu de monde. Ce qui fait de moi un asocial.

Généralement, les asociaux sont donc assez solitaires. Je le suis, et je m'en accomode fort bien. Peu de personnes se renseignent sur ma vie et cela me convient également très bien. J'irai même jusqu'à dire que je suis habitué à une certaine forme de froideur de la part de mes concitoyens; cela est assez logique puisque ne faisant guère d'effort à la petite discussion, ils en font également assez peu. Et ainsi vint la vie pendant plus de trente ans.

Maitenant, vous allez me dire, pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? La raison est simple : Depuis hier, ma belle tranquilité a volé en éclats. Les gens viennent me parler, et même, le font avec un grand sourire ! Je ne suis plus anonyme, je dois raconter ma vie, même à des gens que je ne connaît pour ainsi dire pas. Par exemple, aujourd'hui, en allant chercher ma petite baguette de pain mensuelle, la boulangère me reconnaît et m'apostrophe donc, de derrière son comptoir :

-" Alors ? Il paraît que vous allez être père ? "

Je tente une réponse :

-" Oh ah ah ah, oui, hein, la nature est bien faite, je - "

-" Et tout se passe bien pour Madame ? "

-" Oh oh oh -"

-" Fille ou Garçon ? Ah, c'est bien les petites filles ! Vous connaissez le sexe ? "

- " Ah ah ah -"

-" Madame se porte bien ? "

-" Hé - "

-" Alors, bonne chance à votre femme, hein ! Z'allez voir, c'est que du bonheur ! Un Euro dix, s'il vous plaît. "

Il s'avère, en réalité, que notre voisine, que nous avons chaleureusement surnommé Miss Bouboule en raison de la forme particulière de sa silhouette ces derniers mois, a donc évoqué la grossesse de Chérie à l'un des commerçants, et que depuis, l'info a fait trois fois le tour de la place publique. Je ne suis pas certain que quiquonque vivant à Châteauvieux-sur-fleuve ignore encore que je vais être bientôt père. Je découvre donc le second effet Kisscool d'une grossesse, qui donne instantanément ax futurs parents une odeur de sainteté, quel que soit votre statut social précédent. Une vraie amnistie présidentielle pour tout les asociaux concernés, qui passent d'ombre présente au fond de la salle à la fonction de gars vachement sympa. Les gens donc me parlent, me sourient, et limite m'invitent à l'anniversaire de leur petit dernier.

Tout ceci me dépasse quelque peu et je tente d'en faire une analyse. Réelle gentillesse animale ou bien reliquat de convention sociale d'un siècle depuis longtemps révolu ? Quelle est la justification pour que l'on soit soudain invités dans la grande confrérie des "tuverrasc'esttropbien" ? Il faudrait décidément que je creuse le sujet, me dis-je en me hâtant vers mon rendez-vous professionnel, parce que je n'en comprends vraiment pas les rouages.

J'arrive au lieu de rendez-vous, pousse la porte en verre, et tombe sur mon prospect. Lequel me remarque, me sourit, puis vient vers moi la main tendue et me dit :

-" Alors ? Il paraît que vous allez être père ? "

4 juin 2013

La punition du canapé

Cher lecteur, chère lectrice, à la lecture du titre de ce billet, je suis sûr que vous vous êtes imaginés que je dormais sur le canapé, punition O combien humiliante réservée par ces dames pour leurs hommes, en cas de mauvais mot, de pet au lit ou de ronflement excessif. Je ris sous cape : Ce n'est pas de moi dont il s'agit. C'est de Chérie, qui dort désormais sur le canapé, loin du confort douillet de notre couche conjugale.

Non, je ne suis pas non plus un rustre, et non, Chérie ne pète, ni ne ronfle. Et pour les mauvais mots, je n'en prend plus ombrage depuis longtemps.

Mais voilà, notre lit à tendance japonisante attends depuis des temps reculés de recevoir un sommier, et nous ne l'avons jamais acheté. Trop cher, trop bas, trop sans tiroirs, trop bois laqué pas dans la bonne teinte, et bien d'autres raisons encore ont à chaque fois reculé l'achat. Et dormir sur le sol, sur deux tatamis, cela ne nous a jamais posé problème, bien au contraire. Malheureusement, les choses ont changé pour Chérie, dont le ventre énorme lui procure des douleurs intenses à chaque fois qu'elle doit se lever ou faire un effort similaire. Il a donc été décidé qu'elle dormirait sur le canapé, au rez-de-chaussée, qui est en hauteur et lui permet de se mettre debout avec bien moins d'efforts.

Quand à moi, je dormirai au second étage, à regret d'être ainsi séparé de ma douce. Mais les douleurs la réveille souvent durant la nuit, et dans ce genre de cas, elle allume lumières et télévision pour passer le temps. J'avoue avoir du mal à me reposer avec le Téléachat en fond sonore, nous allons donc devoir passer cette dernière semaine chacun de notre côté. Je ne pourrai plus mettre ma main sur le ventre de Chérie, et sentir les enfants bouger en-dessous. C'était de petits moments privilégiés. Déception.

L'autre soucis est que je dois me déplacer façon ninja. La salle de bain n'est plus au-dessous d'elle, bien isolée au niveau sonore, c'est maintenant l'inverse. La salle à manger fait office de caisse de résonance, et chaque son est amplifié. J'avance donc à pas de loup dès minuit passé, en choisissant soigneusement les lattes du plancher sur lesquelles marcher, et celles à éviter. Dans ce genre de moments, notre animal de compagnie me nargue de ses yeux rieurs, la queue oscillant doucement, comme pour me signaler que lui, il n'a aucun mal à se déplacer furtivement et que décidément, je m'y prends bien mal. Tant pis, je souffrirait ses moqueries muettes si je peux ne pas briser le sommeil fragile de Chérie.

Dans tout cela, on pourrait imaginer que d'être seul dans notre chambre, désertée de toute présence féminine, m'aide pour mieux profiter de mes cinq heures de sommeil quotidiennes. Que nenni : Attristé de ne plus me voir allongé près de sa maîtresse, notre chat a donc décidé de venir me consoler.. en se couchant sur mon visage. Imaginez six kilos de viande poilue et ronronnante s'affaler soudain sur votre tête, vous me direz si vous dormez bien.

4 juin 2013

Un voyant de haute technologie

Chérie reçoit de gros cartons par la Poste. Je la sais toujours friande de recevoir des cadeaux, mais je m'interroge sur la nature des dites boîtes. Cadeaux de proches très généreux ? Gains à des jeux concours ? Erreur de la Poste ? Fièrement, elle coupe court à mes interrogations et me montre son butin : Des couches. Deux grosses boîtes colorées de couches à jeter une fois bien pleines. Je marque un temps pour réaliser : Ca y est, il y a des couches dans notre maison. Si ça, ce n'est pas un symbole, dites-moi ce qu'il vous faut.

Mais ce n'est pas tout. Toujours à l'affût d'un bon plan, Chérie achète donc des couches par correspondance, ce qui m'apprend quelque chose ( on trouve vraiment de tout sur le Net, je veux bien pour les DVDs ou les CDs d'un groupe favori, mais des couches ? ), et surtout les fameuses couches viennent d' Allemagne. Moins cher qu'en France, frais de port inclus. Décidément, j'apprends bien des choses aujourd'hui; pour moi, la société des femmes guerrières n'était destinée à vendre que des produits culturels, pas vraiment du tissu popophage par boîtes de douze.

Ma douce continue son explication, visiblement la malice ne s'arrête pas là. Je découvre donc, selon elle, que les couches d'aujourd'hui ont désormais de petits voyants verts pour indiquer que bébé est toujours au sec. En cas d'inondation inopinée, le voyant disparaît, indiquant au parent étourdi qu'une action de sa part était probablement requise. Chérie est très fière, un peu comme si elle avait obtenu son diplôme de gestion de popos chez les nouveaux-nés, et avec mention très bien. Quand à moi, je me demande bien comment on fait nos parents, et leurs parents avant eux, ainsi que tout leurs ancêtres, pour arriver à gérer les accès popostrophiques de leurs rejetons, sans petits voyants verts et toute cette haute technologie popoperméable.

A quand la couche auto-séchable qui transformera le popo en électricité lui permettant de continuer à fonctionner, et capable de chanter des berceuses pour l'enfant souillé ? A quand la iCouche ? Que fait la Nasa ?

Las, en m'emparant d'une de ces boîtes, je m'aperçoit que mon côté geek m'a encore enduit en erreur. Rien à voir avec un quelconque circuit électronique qui ferait clignoter une petite ampoule, non; il s'agit simplement d'une bande de couleur qui change si Bébé est sale. Pour tout avouer, je suis déçu. Cette bandelette de couleur est peut-être issue d'une haute technologie, mais cela manque de silicium...

L'ironie de cette histoire, c'est que la vessie de Chérie a beaucoup diminué, la faute à deux bébés trop gros pour leur âge et qui poussent tout les organes de ma douce à coups de pieds. Du coup, elle se réveille les matins et découvre avec stupeur que c'est en fait elle, qui commence à avoir des problèmes de fuite de vessie. Si cela continue, elle va devoir porter elle-même des couches... Y a t-il des voyants verts pour les couches de taille adulte ? Et si possible, qui clignotent ?

 

1 juin 2013

Les citations de Juin

Les citations de Juin :


" Tout se joue avant six ans. " ( astuce : C'est aussi le titre d'un livre qu'elle recommande )

Delphine

" A deux, c'est deux fois plus de bonheur. "

Olivier

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 > >>
Deux graines et nous
Publicité
Deux graines et nous
Archives
Publicité