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Deux graines et nous
7 juin 2013

La dernière semaine de ma première vie

Je m'assis devant la gare SNCF, sur le banc en bois à côté du monument aux morts, et me mis à réfléchir. J'aurai dû partir. Le moi d'il y a un an serait parti. Sauf que le moi de maintenant n'est pas parti, et plus étonnant encore, a fait annuler ses billets. Mais que m'arrive-t-il ? Simple: je suis en train de découvrir ce que peut impliquer, en terme de responsabilité, que d'avoir des enfants.

J'était invité à un mariage, prévu de longue date, de la petite soeur de l'un de mes meilleurs amis. Il y a un an, la question ne se poserait pas et j'aurais sauté dans un train, un avion ou une trottinette pour aller à ce mariage, ne serait-ce que pour le plaisir du voyage. Etre assis près d'une vitre ou d'un hublot, et voir le monde changer sous ses yeux, c'est un privilège à mes yeux.

Mais Chérie a un ventre énorme, que l'on dirait prêt à se rompre à tout instant. La césarienne est pour dans quelques jours. Elle est inquiète; elle craint qu'il lui arrive quelque chose en mon absence, et que je rate quelque chose d'unique. Donc, je reste. Il ne se passera sûrement rien, mais il vaut mieux être sûr qu'être désolé. Et ainsi finit la dernière semaine de ma première vie.

Devant la gare, je regarde un peu les gens sortir du hall sombre; Toutes ces vies avec leurs valises et leurs machins à roulettes, ces sacs à dos et ces sacs à main. Ils me rappellent que l'on choisi la direction que l'on prend dans notre vie, tout comme eux marchent d'un pas décidé dans une direction qui a du sens à leurs yeux.

Il y a eu le temps où j'était un « fier étalon noir courant dans la vaste plaine » ( aussi appelé : Célibataire endurci occupant son temps libre comme il le pouvait ), et j'y ai appris à faire les tâches ménagères comme les tâches extraordinaires. Il y a eu le temps des vagues de bébés chez des amis plus en avance que moi, et j'y ai gagné des bases sur comment élever les rejetons, à quoi m'attendre. Il y a eu le temps de ma vie à Côteville, qui m'a permis de me stabiliser et de me construire sur de nouvelles bases. Il y a eu le temps de la rencontre avec Chérie, où j'ai découvert la follette qui allait partager ma vie, et ce que cela allait changer. Il y a eu le temps de nos ballades, où nous pouvions prendre la voiture pour visiter un patelin perdu dans les hauteurs montagnardes, sur un coup de tête. Il y a eu le temps où nous avons tout changé autour de nous, où nous avons même changé d'emploi et où j'ai commencé à créer ma société.

Il y a eu tout ces temps, qui n'en ont formé qu'un seul, et qui m'ont, pas à pas, construit, appris ce qu'il fallait et amené à ce jour, où refuser un voyage de plaisir en solo, c'est refuser de ne vivre que pour moi; c'est aller plus loin que de vivre pour Chérie et moi-même, c'est accepter de vivre avec deux enfants à qui il faudra tout apprendre et transmettre.

Commencer à vivre pour deux enfants, c'est commencer la première partie de ma seconde vie, c'est se trouver heureux d'avoir suffisament engrangé pour pouvoir, maintenant, donner. 

Je me relève du banc, tourne le dos à la gare et retourne vers la maison. Je souris.
Le coeur léger, engageons-nous sur ce nouveau chemin...

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