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Deux graines et nous
9 juin 2013

Baptême d'entraînement et réflexions sucrées.

Je ne suis pas catholique. Je suis même agnostique : je remet en cause l'existence de Dieu, quelle qu'elle soit. Après tout, c'est un peu normal venant d'un geek à ascendant nerd troisième décan, nous cherchons toujours à analyser et comprendre. Chérie, elle, est catholique; Elevée ainsi et respectueuse de cette religion. Soit. Généralement, les deux mondes ne se frottent guère... excepté sur le point du baptême.

En tant que futur papa, je sais donc que la future maman a tout planifié et que nos petits gars seront baptisés, auront droit au passage à l'église, le coup de l'eau et du prêtre qui dit des mots, tout ça. Soit, je peux le comprendre, voire même jouer le jeu. Je pense que nos deux graines s'en fichent comme de leur première bulle de salive, mais Chérie y tient, ils auront donc droit au baptême.

Là où je rigole beaucoup moins, c'est lorsque l'on m'invite à une autre cérémonie, pour un petit gars qui n'est pas le mien. Je regarde Chérie d'un air las, comptant dans ma tête tout ce que j'ai à faire question boulot; l'image d'une montagne de papier à traiter, et Inconscient ricanant tout au sommet, se forme assez vite dans ma caboche. Mais rien à faire : Je serai présent, cravate au cou, pieds et poings liés, à ce baptême. " C'est pour te sociabiliser ", annonce Chérie d'un ton décidé.

Néanmoins, je vis dans ce baptême comme une sorte de répétition générale avant celui de mes propres jumeaux. C'était une opportunité pour apprendre ce qui m'attendait, ce qui attendait mes enfants; je me suis donc tû et j'ai regardé attentivement. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y avait de quoi voir.

Déjà, je découvris le "multi-baptême". Ce n'était pas un enfant, mais plusieurs et de familles différentes, que l'on célébrait ce matin. Une vraie ligne de gamins, tous tirés à quatre épingles, qui attendaient assis dans le choeur de l'église que l'on veuille bien s'adresser à eux. Les représentants des familles se succédaient au pupitre pour déclamer quelques pensées profondes, le tout dans l'indifférence affichée de ceux qui n'étaient pas des proches ou des concernés. Le prêtre, quand à lui, mâchait ses mots et l'on ne comprenait pas un mot sur deux. Du coup, personne ne suivait et les gens ont commencé à parler entre eux, ajoutant au soliloque marmonné des brouhahas de plus en plus forts. Plus surprenant encore, ceux qui se permettaient de parler avec un mépris affiché pour le prêtre n'étaient pas des enfants, mais des personnes âgées.

Moi qui imaginait ce moment comme intime et sacré, je me retrouvais face à une sorte de pièce de théâtre d'un goût douteux.

Au final, tout le monde a été rappelé à l'ordre lorsque le prêtre se mit à débiter une liste incroyablement longue de prénoms, sans raison apparente. Tous, nous nous demandâmes quelle mouche avait bien pu le piquer. Est-ce qu'il avait abusé du vin cérémonial ? Avait-il craqué nerveusement devant une telle audience ? Il a fallu que Chérie me décrypte la situation et m'explique qu'il s'agissait en fait des prénoms de tout les parrains des enfants présents. Bon sang, quelle mascarade, j'en avait de la peine pour cette vénérable église, dont les vieilles pierres avaient dû vivre de meilleurs moments.

La torture sociale continua durant tout l'après-midi, puisque la cérémonie était suivie d'un repas chez les grand-parents du baptisé. Nous avons bénéficié d'un certain capital de sympathie; il faut dire que Chérie, avec son ventre énorme, passait difficilement inaperçue. Je l'ai laissée exceller à son art de la petite conversation pour regarder les autres jeunes pères autour de moi. C'est la bouche pleine de gâteau de baptême ( du sucre entouré de sucre, saupoudré de sucre et entouré de sucre, rien que de le regarder donne le diabète ) que je me suis mis à réfléchir à la question que je me posais précédemment, sur la sympathie automatique accordée aux jeunes papas. En regardant tout ces jeunes pères, je finis par comprendre : Vu comme cela semble demandeur et difficile d'élever un enfant, vu comme cela semble être un vrai parcours du combattant, une épreuve à traverser... les hommes se reconnaissent entre pères survivants, et ont pour les autres respect et compréhension. En fait, cette sympathie que l'on me témoigne depuis quelques temps, il s'agissait simplement de... camaraderie.

Sergent chef Terrence, du régiment FuturPapa, êtes-vous prêt ? Attention... prêt... pouponnez !

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