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Deux graines et nous
3 décembre 2012

Ma première échographie officielle

Ca y est, le fameux jour est arrivé. Aujourd'hui, je rencontre mes enfants pour la première fois, même s'ils ressembleront à de gros haricots pixellisés gigotant sur un écran. Ayant décidé de m'impliquer autant que faire se peut dans cette grossesse, j'accompagne donc Chérie à son premier rendez-vous chez la gynécologue. En tant que médecin, elle a décidé de ne pas accoucher dans l'hopital de la ville pour ne pas y croiser ses collègues, et donc d'aller dans la ville à côté, à quelques encablures de la nôtre.

J'ai horreur des hopitaux, ils me mettent mal à l'aise. Les couloirs froids et aseptisés, le manque de chaleur et les architectures sans étincelles de génie, tout me rappelle qu'en ces lieux, on y souffre avec l'espoir de guérir le plus vite possible. Je m'y sens oppressé. Je n'était donc pas très emballé à l'idée de me prendre une dose d'hôpital gratuite, mais c'était pour la bonne cause.

Une fois arrivés au secteur Gynécologie, je laisse Chérie s'arranger avec la secrétaire ( difficile de faire plus stéréotypée, mais la suite nous apprendra que c'est une personne très sympathique ) tandis que je commence à analyser ces lieux nouveaux. Des posters aux murs avec des dessins mignons, des tronches de bébés souriant de toutes les dents qu'ils n'ont pas encore, des couleurs aux murs. Un défilé discret de personnes accueillies par des blouses blanches, des sons feutrés.

Dans la salle d'attente, je m'aperçoit que la populace présente est majoritairement féminine. Alors que ma douce est en train de feuilleter un torchon de potins people, je me demande pourquoi ces femmes ne sont pas accompagnées. Il peut y avoir mille raisons, dont la plupart bonnes, mais je sais que c'est un moment où les femmes regrettent de ne pas être accompagnées. J'essaie de théoriser l'état d'esprit de chacune présente. Une, ornée d'un ventre très rond, semble regretter de ne pas avoir son compagnon, vu la palette de nuances d'expressions qui passent sur son visage.

C'est à nous ! Nous nous asseyons dans le bureau un peu étroit de ce médecin spécialisé dans les parties féminines, et ce que cela peut fabriquer. Chérie qui scrute la gynécologue, tâchant de décider au travers de questions innocentes si cette personne est digne de s'occuper de nous. Déjà que les femmes analysent de manière impitoyable, j'imagine qu'il y a ici une connaissance du mileu médical qui doit rendre l'analyse encore plus violente. Je me demande quel sera le verdict.

Puis ces dames passent dans la pièce-où-l'homme-ne-peut-entrer, j'en profite pour sortir mon PC transportable et commence à travailler... la gynéco ne me laissera pas le temps de taper une phrase entière, je suis déjà appelé pour la fameuse échographie.

Dans une autre pièce, sombre et exigûe, je découvre Chérie allongée sur le lit d'examen, le ventre bien badigeonné de gel glaçial. La machine à échographie et la gynécologue sont placées de telle sorte que je n'ai pas la possibilité d'être aux côtés de ma douce ( au revoir, le cliché de nous deux nous tenant la main, les yeux humides ), il ne me reste plus que la chaise dans un coin. Pas moyen que je m'asseye : La machine à échographie, toute droite sortie d'un épisode de Star Trek TNG, m'offre une belle compensation, et le Geek en moi rêve de mettre la main sur un exemplaire défectueux pour y caser je ne sais quelle machinerie. Entre férus de technologie, on trouve toujours des moyens de s'arranger... Boutons lumineux et fonctionnalités à la limite de l'ésotérique, je suis conquis par l'appareil.

Enfin, la seule chose qui pouvait m'arracher à la contemplation de cette fabuleuse électronique est ce qui s'affiche sur l'écran, et la raison de ma présence. Enfin, nous y voilà. Enfin, ma rencontre avec les deux graines qui poussent dans le ventre de ma femme. Ca n'a déjà plus rien à voir avec des haricots, ce ne sont plus les formes simples de la première échographie ; On distingue la tête, la mâchoire, les globes oculaires, le corps, les membres. Expérimentée, la gynécologue arrive à voir des organes supplémentaires là où moi, je ne vois que des pixels gris. Moment de tension : la mesure de la clarté nucale. Je retiens mon souffle... Mais tout va bien de ce côté-là, c'est un gros soulagement. Et puis, en guise d'apothéose, le bruit de leurs cœurs, battant à un rythme éffréné. Des cœurs tout neufs et pleins d'énergie. Chérie est émue et a les yeux brillants ; Moi, je suis un mur... avec un cœur en chamallow tagada tout mou.

A la sortie de l'hôpital, Chérie me glisse un merci avec un bisou. Elle se sent soutenue... je repense à ces femmes seules, et dans ma petite tête, progresse d'un pas supplémentaire vers le chemin qui mène au statut de père de famille.

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Commentaires
M
Oui, c'est un moment important où l'on a besoin d'être accompagnée! Vous ressentez bien les choses.
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