Larmes d'angoisse

Je commence à connaître ma petite femme. Elle est d'un naturel expansif, et parle beaucoup, parfois trop ! Mais quand elle observe un silence prolongé, les yeux perdus dans le vide et fixant à peine son ordinateur portable posé sur elle, c'est le signe que quelque chose ne va pas. Or, depuis la dernière échographie, son silence est étourdissant.

C'est en la poussant un peu que je fais percer l'abcès, et Chérie craque. Elle fond en larmes dans mes bras, et tente de m'expliquer, au travers des sanglots, qu'un mois c'est trop long pour attendre et savoir ce qu'il se passe, qu'elle est morte d'inquiétude pour la santé de son bébé. J'essaie de rester maître de moi-même, mais ce qu'elle me dit me fend le cœur et je me sens totalement impuissant. La seule chose que je puisse faire pour l'aider, c'est de la serrer un peu plus fort dans mes bras, et attendre que ses larmes se tarissent.

Plus tard, j'essaie de me renseigner sur ce qu'est une ventriculomégalie. Mais où chercher ? Internet est probablement la pire source d'informations médicales qui soit. Je demande donc à Chérie, médecin de son état, qui me fait donc découvrir par des documents médicaux ce qu'est une ventriculomégalie. Il y a de quoi avoir peur, en effet. Sous mes yeux, des images détaillent des tranches de cerveau d'enfants et de nourrissons. Lesquelles tranches, en plus d'être déjà glauques en soi, sont ornées de vastes trous noirs. J'apprendrai que ce ne sont pas des tumeurs ou je ne sais quoi de malin, mais que ce sont des endroits remplis de liquide céphalo-rachidien, où le cerveau n'a pas poussé assez fort pour tout chasser. De longs trous, qui vont d'avant en arrière, et qui ne sont sûrement pas sans conséquences quand on sait la fragilité de cet ordinateur organique.

Chérie me montre ensuite le blog écrit par une dame, qu'elle a déniché sur le net, dont le jeune enfant possède l'un de ces cerveaux malformés. La blogueuse décrit leur galère pour tenter de se battre contre la malformation qui handicape son enfant, et qui entraîne une organisation et des moyens très lourds juste pour que le gosse ne soit pas trop victime de sa malformation. Ce n'est pas vraiment le genre de choses que je souhaiterai lire à ce moment-là... et je croise les doigts très fort, en espérant que ce genre de chose ne nous arrive pas.

Un mois.