Inquiétude de future mère et flacons en trop

Chérie a un air sombre ces derniers jours, et est facilement irritable. L'échéance approchant, le poids de la responsabilité de sa maternité commence à se faire lourd sur ses épaules - en plus du poids de son gros ventre. De la joie d'être enceinte, elle est passée au mode « mère » qui ne la quittera sans doute plus jamais, avec tout les doutes et toutes les inquiétudes qui viennent en même temps. J'ai pu voir, et expliquer un peu dans ce blog, cette transformation qui s'est déroulé sous mes yeux – ou du moins, la partie qui était à ma portée.

Aujourd'hui, elle doute, s'interroge, comme toutes les femmes l'on sans doute fait avant elle. Sera-t-elle une bonne mère ? Sera-t-elle aimée de ses enfants ? Elle se pose ces questions mais ne parvient pas à trouver de réponse apaisante, et pour cause ! Seul le temps lui prouvera que c'est possible. C'est la partie "guerrière" de sa trinité qui se met en place, elle se rend compte que désormais, elle ne se bat plus pour elle, mais aussi et surtout pour ses deux graines à l'intérieur d'elle-même.
J'essaie d'intervenir pour lui changer les idées et l'aider à relativiser, mais on dirait bien que mes mots ne la touche guère. Y-a-t-il une Françoise Dolto dans la salle s'il vous plaît ?

Pour se changer les idées, rien de mieux que de bouger. Nous profiterons donc de faire quelques courses alimentaires pour nous rendre dans une pharmacie, et y acheter des produits de soin pour nos futurs bébés. Encore une boutique que je redécouvre, en allant dans des rayons auxquels je n'avait jamais jeté un seul regard de toute mon existence. Evidement, les rayons sont extrêmement bien fournis de plusieurs déclinaisons de chaque type de produits; chacun est paré de couleurs acidulées, le blanc très rassurant et des lettres colorées de vert ou de rose paisible. Une vraie psychothérapie cartonnée, rien que de prendre un flacon calme les angoisses mieux qu'une scéance sur un divan en cuir.

Bien entendu, ces soins néo-nataux sont hors de prix, mais je n'en attends pas moins de ces entreprises pharmaceutiques. Pourquoi vendre à trois Euros alors que l'on peut vendre cinq fois plus cher le même produit, je vous le demande ? Doit-on être des monstres et priver tout ces gentils actionnaires de leurs villas à Arcachon et de leur yachts ? Que nenni ! Alors, un peu de coeur, que diable !

Mais à voir le petit sourire qui courbe le coin de ses lèvres, je vois que Chérie n'as pas ce genre de considérations en tête. Son humeur a radicalement changé depuis qu'elle est entrée; elle est en train d'acheter de la lotion pour fesses de bébé, c'est un peu comme si elle pouvait toucher du doigts deux fessiers aussi sensibles que dodus et miniatures.
Et nous voilà repartis avec nos chers achats. Evidemment, la facture est un peu salée... mais qu'importe ? Chérie est contente car les choses deviennent de plus en plus concrètes pour elle.

Sa satisfaction subira un beau contrecoup, néanmoins : Le lendemain matin, la sage-femme, pleine de bonne volonté, lui offrira une grosse boîte rose avec une tête de bébé extatique imprimée dessus. A l'intérieur, ni plus ni moins que six flacons de ces mêmes lotions pour fesses de bébé, mais gratuites...