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Deux graines et nous
6 mai 2013

Amniocentèse et 20 maximum

Aujourd'hui, Chérie doit subir la fameuse amniocentèse. Les dernières analyses, rappelez-vous, montrent que "J1" a un retard de croissance, "J2" a un retour de ventriculomégalie. Vu que la situation s'était stabilisée, l'examen prévu avait été reporté; en effet, l'amniocentèse, consistant à perforer le placenta, expose le bébé à l'intérieur à un risque d'infection et peux donc découler sur un accouchement très prématuré. Il était donc sage d'attendre un mois de plus pour donner, au cas où, de meilleures chances aux bébés de vivre en tant que prématurés.

Un mois plus tard. On y est. Cette fois, on ne recule pas et Chérie va devoir, une fois de plus, faire preuve de courage pour subir un examen des moins drôles.

En plein travail dans le centre de Grandeville, je ne serai donc pas présent lorsque Chérie passe un premier monitoring le matin. J'irai la rejoindre avant l'amniocentèse. Non pas que je serve à grand-chose, mais dans le cas de figure où le fait que je sois là puisse la rassurer, alors cela vaut mille fois le trajet. Chérie part pour l'examen et je rouvre mon pc portable, prêt à attendre la fin de l'intervention.

Je l'attends plus d'une heure, mais au final, cela s'est bien passé. Déjà, chose importante, elle n'a pas eu mal. Son ventre est déjà tellement tendu que l'aiguille l'a transpercé sans efforts, et donc sans douleur. Il y a eu une petite frayeur lorsque J2 a donné un coup de pied à l'aiguille; laquelle, vue de l'extérieur, a fait un grand bond sur le côté. Mais heureusement, le bébé ne s'est pas blessé, et l'amniocentèse a pu se terminer calmement.

Puis, à nouveau, Chérie remonte quelques étages de la clinique pour un monitoring assez long, puisque les deux jumeaux ne se font pas entendre au même moment. Rien à faire, on a beau manipuler les sondes pour qu'elles restent alignées sur les petits coeurs miniatures, la machine n'enregistre que par à-coups... Or, il est toujours désagréable de voir l'écran afficher : "rythme cardiaque : 0 ", si vous voyez ce que je veux dire. L'examen s'éternise, Chérie fatigue, ses yeux se ferment peu à peu; et je fais de nombreux aller-retours pour me blinder de café et rester éveillé.

Je découvre durant cet examen que, si la valeur du milieu sur l'appareil d'enregistrement dépasse 20, c'est une contraction; Chérie en connaîtra de nombreuses, et pas de moindres puisque l'une d'elle atteindra la valeur de 200... Je me doute que cela doit être un brin douloureux, de sentir son ventre se contracter aussi fort.

Puis enfin, en fin d'après-midi, une dernière échographie. A ce stade, je suis cuit physiquement et je n'ai plus trop l'inventivité nécessaire à des plaisanteries, aussi je me fait fort d'observer un silence prudent et constructif. Dans la salle d'attente aux sièges en plastique colorés et improbables, Chérie sympathise avec une dame du même âge dont le bébé « ne rassure en rien ». Voilà, la tristesse incroyable d'avoir un enfant malformé au point où sa survie est compromise, on la trouve chez la personne d'à-côté, comme si c'était banal. Et dans ce genre de cas, on cherche les mots pour consoler, sans y parvenir; donc on discute de broutilles d'un ton détaché. Surréaliste et pourtant, si réel.

On tombe sur une troisième médecin spécialisée en échographies, qui passe Chérie au crible et nous apprends, à ma grande surprise, que J1 rattrape son retard et que J2 n'a pas vraiment de problèmes au crâne. Ma douce est immédiatement soulagée mais je cherche à savoir pourquoi cette ventriculomégalie va et vient ainsi. Quel diable de mécanisme est donc à l'oeuvre derrière ce soucis qui nous pourrit la vie depuis des mois ? La médecin sourit, et me répond calmement que c'est juste une poche de liquide qui se balade au gré de l'inclinaison de sa tête, rien de plus. Pour le reste, tout va bien.

On repart bien après18h, et la nuit commence à tomber. Un peu soulagés, mais surtout éreintés par ce roller-coaster émotionnel, nous ne parlerons pas beaucoup durant le trajet. La route sera longue et une fois rentrés, Chérie ne fera pas long feu et ira dormir très tôt.

Quelques jours plus tard, nous recevons les résultats de l'amniocentèse, qui attestent que ce n'est pas une trisomie. Nous ne connaissons toujours pas la cause de la ventriculomégalie, mais c'est déjà un bon élément de réponse. Il nous faut maintenant attendre les autres examens, et voir quel sont les éléments qu'ils vont apporter.

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