Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Deux graines et nous
28 février 2013

12,5

Aujourd'hui, c'est le jour pour une nouvelle échographie. Route, clinique, salle d'attente avec des dames seules, obstréticienne. Le chemin est connu et je me permet donc de ne pas trop dormir la nuit d'avant, tentant de boucler quelques tâches à finir en urgence.

C'est donc passablement assommé de sommeil, que je me retrouve sur cette chaise en bois délicatement sculpté et orné de velours verts, dans le bureau du médecin. Laquelle prends quelques nouvelles cordiales de l'avancée de la grossesse, et de la gourmandise de Chérie ( celle-ci justifiant sa prise de poids récente par une respiration stockant plus d'air dans les poumons ; L'air, chacun le sait, est un gaz qui pèse plus lourd que le plomb *toux gênée* ). Pour ma part, menacé de représailles douloureuses et génératrices de séquelles, je me tiens coi et ne laisse échapper aucun pouffement lors de l'explication "aérienne" de ma douce.

Une fois les examens physiques fait, nous passons dans l'étroite salle d'échographie. Chérie se réjouit de revoir ses deux graines pixellisées. Une fois de plus, j'ai droit au « tabouret de l'homme » : Loin de ma douce, avec une excellente vue sur le dos du médecin et assez mauvaise sur l'écran de contrôle. Peu sollicité et écoutant d'une oreille les annonces de l'obstétricienne, je commence à ressentir les symptômes caractéristiques du sommeil qui me rattrape à grands pas. Mon corps se mue en gros nuage chaud, mou et douillet, la conscience se fait absente, on glisse lentement vers l'oblivion...

Rêverie. Je me revois dans la voiture en train de discuter avec Chérie. Une conversation eue plein de fois déjà. Comment imagine-t-on nos enfants ? Grands ? Petits ? Deux, ou trois bras ? Quel QI ? Des iris de quelle couleur, bleus, verts, noisettes, rouges ? Peu importe. Ce seront nos enfants, et à condition qu'ils ne soient pas handicapés mentaux, quelle que soit leur nature, nous les aimeront tels qu'ils sont. Quand on voit la maman, ils sont plutôt bien tombés, zéro inquiétude à l'horizon... enfin, le choix des prénoms mis à part.

« Il y a un souci dans le crâne de l'un des jumeaux » dit soudain le médecin. Cette phrase me réveille instantanément, comme un coup de fouet dans le dos. « il y a un ventricule du cerveau qui est anormalement dilaté ».

Ah, bordel, précisément ce que l'on ne voulait pas. Le cerveau ! Je regarde Chérie ; Elle ne dit rien, n'affiche pas d'expression particulière, mais je sais que son cœur doit battre aussi vite que le mien.

« Je mesure 12,5 millimètres. C'est plus élevé que la normale, il devrait être en-dessous de 10. »

Une fois revenus devant le bureau en bois sculpté, j'essaie d'en savoir plus, mais l'obstréticienne fait la moue et désamorce la question en nous assurant que ce n'était pas grave, il fallait juste surveiller comment cela allait évoluer. Nous affichons un sourire soulagé et Chérie glisse même une plaisanterie.

Mais sous la table, invisibles au médecin, nos mains se serrent très fort.

Publicité
Publicité
Commentaires
Deux graines et nous
Publicité
Deux graines et nous
Archives
Publicité